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29 mars 2011 2 29 /03 /mars /2011 00:00

banc

Il existe des lieux comme ça, où si l’on reste assis assez longtemps, on peut voir défiler le monde entier.

Les Champs Elysées font partie de ces endroits magiques.

J’ai voulu en faire l’expérience récemment…et je ne sais pas si le fait de faire la connaissance éphémère de tous ces gens fut une bonne idée.

 

Tout d’abord, avant de pouvoir observer les allers et venus des uns et des autres, il faut trouver un banc. Lorsqu’il fait beau, les gens ont tous la même idée et dénicher une place assise relève du miracle. Si par chance, un siège se libère, le mieux est de se précipiter dessus et de ne plus se lever sous aucun prétexte, même si….

 

Je suis donc là, à côté d’un couple de trentenaires,  à savourer les premières chaleurs du printemps, tout en regardant et en écoutant ce qui se passe aux alentours. Puis, alors que tout est idyllique, un homme, du genre vieil harki, vient s’asseoir à son tour près de nos deux tourtereaux. Il ouvre son journal et se met à prononcer des phrases à vitesse impressionnante (la réincarnation de Scatman ?!). Au début, ce qui n’est qu’un charabia devient soudainement plus clair, malheureusement…

Un discours incohérent sur les musulmans qui n’existeraient plus et qui seraient remplacés par des juifs, puis une allocution sur le fait de ne pas se laver les mains en sortant des toilettes. Il répéte ça en boucle. Le jeune couple, lassé de l’entendre, part, me laissant seule avec ce spécimen de foire qui hurle sa conférence !

Les places sur les bancs étant chères, deux adolescents, sans se douter de ce qui allaient leur arriver, prennent d’assaut la distance libre qui me sépare de « Scatman ». Alors qu’il s’était enfin calmer, le fait de voir de nouvelles têtes le fait repartir de plus belle dans son délire verbal.

Ce qui est visiblement adressé à toute la population devient tout à coup un dialogue tendu entre l’un des deux jeunes et ce vieil homme dérangé. Le ton monte car le garçon se sent agressé par les propos incohérents tenus. Son copain filme la scène en rigolant et deux policiers passent, regardent, sourient et s’en vont l’air de rien. Je me sens obligée d’intervenir en lui précisant que ce n’est pas contre lui, mais que Scatman baragouine depuis un quart d’heure.

Finalement, le toqué se lève et menaçant de son journal, il ajoute que si l’Allemagne déclare la guerre à la France, il tuera les français, car il estime être nazi. L’esprit de Galliano hante-t-il notre vieil homme ?!

 

La vie reprend enfin son cours normal. Les touristes marchent l’air heureux d’être sur la plus belle avenue de monde, les jeunes filles ont un air aérien avec leur longs cheveux flottant au vent, les beaux gosses ont ressorti leurs T-shirts moulants, il ne manquerait plus qu’une célébrité passe pour que la boucle soit bouclée.

Au lieu de ça, un pervers au survêtement trop grand et aux cheveux gras se dirigent droit vers moi, le filet de bave le long de la bouche. Panique générale, au secours, à l’aide. Réflexe de survie, je place un magazine devant ma tête et je me mets à parler aux deux petits jeunes qui sont toujours à mes côtés. Le sadique, voyant que je ne suis pas seule, me fait un signe de la main et bifurque vers une autre proie.

 

Je suis déçue. Impossible de profiter pleinement du fourmillement sans tomber sur des cas sociaux.

Lorsque je disais qu’en restant assis assez longtemps, on pouvait voir défiler le monde entier, j’avais occulté que les dérangés, aussi fous soient-ils, font partie de notre quotidien. Certains sont pris en charge, d’autres sont dans la nature. A nous de nous en accommoder.

 

Il faut de tout pour faire un monde !

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27 février 2011 7 27 /02 /février /2011 19:36

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Qui dit changement de région, dit évidemment, modification de son carnet d’adresses.

Vous gardez bien sûr les vrais amis, malgré la distance physique, mais vous liez connaissance avec de nouvelles personnes, vous changez de médecin, de dentiste, et de coiffeur.

 

Pas si évident de repartir de zéro. D’autant plus que cet univers encore étranger semble hostile. Pas de place à l’appréhension et au trac dans ce cas-là ou alors, il faut impérativement utiliser la célèbre méthode de Pierre Richard : « Je suis timide, mais je me soigne » !

 

En arrivant en terre inconnue, le premier contact se fait souvent avec ses voisins. Nous avons vu plus tôt que mission impossible n’est plus seulement une fiction américaine, mais c’est aussi une réalité parisienne.

Le meilleur moyen de trouver des interlocuteurs, voire de potentiels copains, c’est encore sur son lieu de travail. Et comme chacun le sait, plus les conditions sont difficiles, plus la solidarité s’impose d’elle-même. Un mal pour un bien, en somme.

Il n’est pas nécessaire non plus, d’avoir un environnement professionnel compliqué pour arriver à ce résultat, mais les liens se resserrent plus rapidement dans des situations ardues.

 

Et les collègues deviennent alors des confidents du quotidien : vous vous racontez la soirée de la veille, vous parlez du programme pour le week-end à venir ou vous partagez des recettes de cuisine.

Il faut toutefois savoir garder ses distances avec certains profiteurs : les opportunistes gourmands qui viennent vous parler si et seulement si vous avez des gâteaux ou toute autre friandise à offrir, les sangsues à problèmes qui viennent squatter votre bureau pour vous raconter leurs nombreux problèmes ou les vipères médisantes qui n’attendent qu’un faux pas de votre part pour vous descendre en flèche auprès de votre chef de service.

Bien heureusement, au milieu de cette jungle, il reste encore des gens sincères et honnêtes, prêts à donner leur amitié sans rien attendre en retour.

Tout n’est pas perdu. Et une bataille de remportée sur ce nouvel environnement !

 

Penelope-Bagieu-BD-Dessein-Humour-MaladePhase suivante : trouver un médecin. En ouvrant les pages jaunes, la liste impressionnante de réponses donne le vertige. Comment faire pour trouver le bon ? Au petit bonheur, la chance pour les mystiques, ou à pile ou face pour les plus joueurs.

Une règle importante à ne pas oublier : Molière avait raison, le monde est peuplé de charlatans. Faire confiance, oui, mais à condition que le docteur ne soit pas plus malade ou plus fou que son patient !

Par expérience, je peux vous dire que je me demande si certains ont leur diplôme.

Un jour, alors que mon extinction de voix persiste depuis une semaine déjà, je décide d’aller consulter. Comme c’est ma première expérience médicale en Ile de France, je téléphone à tous les médecins non loin de chez moi. Personne n’est disponible sauf lui ! J’aurai dû sentir l’arnaque. C’est donc, d’un pas décidé que je me rends à son cabinet. Je n’ai même pas eu le temps de franchir son bureau, ni d’annoncer ce qui m’amenait qu’il me dit fièrement : « Vous avez un problème de thyroïde ! ». Pas du tout !

Le prochain « champion » est en face de mon lieu de travail : pratique pour s’y rendre entre l’heure. Je vais le voir car j’ai très mal au ventre depuis plusieurs semaines. Il m’ausculte et m’annonce : « Vous êtes maniaco-dépressive, mais ne vous inquiétez pas 50% de la population est dans votre cas. En sortant d’ici, vous risquez même de croiser des personnes qui souffrent comme vous ». Je vais tout de suite mieux en l’écoutant.

La suite n’est qu’une succession d’incompétents : le médecin qui vous fait la révision complète comme si vous étiez une voiture (oh, c’était peut-être un garagiste maintenant que j’y pense !), le généraliste qui ignore ce que vous avez et que vous devez supplier pour faire des examens supplémentaires, qui se révèlent plus qu’utiles, et j’en passe.

Finalement, le plus simple est encore de demander à ses sympathiques nouveaux collègues s’ils ne connaissent pas quelqu’un de réellement compétent. Voilà aussi à quoi servent vos nouveaux copains de travail. Et c’est plus efficace que tous les annuaires du monde.

 

Les potes, c’est fait ; le médecin aussi ! Aïe, mais j’ai mal aux dents.

Et là, attention, si vous avez peur des instruments terrifiants qui font du bruit dans votre bouche, un conseil : ne prenez pas le premier dentiste venu. Sinon, c’est l’horreur garanti.

Quand l’urgence survient, personne ne pense à cela et pourtant le résultat peut s’avérer catastrophique. Une rage de dents, c’est terrible, mais un Hiroshima buccal, c’est encore pire.

Comment peut-on faire une véritable boucherie à cause d’une seule carie ? J’ai été littéralement torturée sur son fauteuil. 048dfe79.jpgJe suis prête à avouer n’importe quoi pour qu’elle cesse : « La guerre en Irak ? Oui, c’est moi. La faim dans le monde aussi ! Pitié, stop arrêtez !! » Cette femme est folle : elle m’a tellement anesthésié que mon visage est resté figé à droite plus de 6 heures ! Je ressemblais à Popeye en pire. Impossible de parler ni de boire sans baver. A carnaval, ma tête aurait fait fureur, là, je fais plutôt fuir. Mes collègues, toujours les mêmes, ne savent plus comment faire pour ne pas se tordre de rire devant moi. Une fois l’effet tête en vrac passé, le pansement vissé dans le trou qui remplace ma dent, tombe. Panique générale, tous aux abris. La dingue de la fraise va recommencer le chantier !! Heureusement, sa secrétaire  m’apprend qu’elle est en vacances…je crois plutôt qu’elle s’est exilée loin, très loin pour ne pas que je l’attaque en justice.

J’ai fini par trouver un autre dentiste, très patient avec moi la traumatisée dentaire.

 

Il faut bien s’accorder une pause douceur et plaisir après toutes ces aventures. Là encore, c’est le parcours du combattant. Les coiffeurs se comptent en tonnes ici. Parfois, sur le même trottoir à 20 mètres d’intervalle, ils se font concurrence. Alors pour choisir, c’est au feeling.

Entre l’incompétente des ciseaux qui vous coupe un côté plus court que l’autre, la pressée du balayage qui vous fait ressortir jaune canari, la bien brave qui ne comprend pas la différence entre mèches et couleur, et la tête en l’air qui vous oublie, c’est le total look pour peu qu’on sorte de chez le dentiste juste avant. Pour Halloween, c’est génial, mais pour le reste de l’année, c’est dur à justifier.

Vous aussi, vous pensiez que les meilleurs coiffeurs se trouvent à Paris ? De toute évidence, on nous aurait menti. Impossible de trouver le ciseau d’or. Deux options : laisser pousser vos cheveux pour battre le record du monde de la longueur ou prendre le TGV de temps à autre pour rendre visite à votre ancienne coiffeuse, ce qui fait chère la coupe.

 

Restons positif, tout n’est pas si glauque ici ! Il faut juste aimer chercher une aiguille dans une botte de foin; la santé, la beauté et le bonheur sont alors à portée de main.

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23 février 2011 3 23 /02 /février /2011 09:49

 

 

45 minutes…Que peut-on faire en 45 minutes de nos jours ?

Pour les coquets, un brushing chez le coiffeur ou une manucure chez l’esthéticienne ; pour les gourmands, un gâteau ou un bon petit plat ; pour les coquins, un câlin ; pour les sportifs, un footing !

 

Et si je vous disais qu’en 45 minutes, je tourne et je retourne, je passe puis repasse, et je repasse encore ?!

Si je vous racontais qu’en 45 minutes, je m’énerve, je râle, je parle seule et pour me calmer, je finis par écouter de la musique et je chante pour oublier que ça me stresse.

Si j’ajoutais que pendant tout ce temps, je perds espoir et j’ai envie d’abandonner et de rentrer chez moi.

Devinez ce que je fais ? Non, pas une crise de nerf ! Pourtant parfois, je suis à la limite…

Pendant ces 45 minutes précieuses, je cherche à me garer : une des joies supplémentaires d’habiter en Ile de France !

 

C’est simple, si l’envie vous tente de venir vivre ici, où tout est plus grand, plus cher, plus stressant, mais aussi plus vivant, plus distrayant, pensez toujours en minutes, non plus en distance. Ici, on ne dit pas : « Tu habites à combien de kilomètres ? », mais « Tu mets combien de temps pour arriver jusqu’ici de chez toi ? ». Tout est dans la nuance.

Si vous avez un impératif extérieur, comptez le temps de parcours, bouchons compris, et surtout, ajoutez-y le temps de trouver une place de parking. Et bien souvent, c’est ça qui est le plus long.

 

la honte - deo-copie-1Un rendez-vous chez le médecin ? Un entretien d’embauche ? Une réunion de travail importante ? Une convocation urgente ? Pas de panique, vous serez stressés de toute manière.

Quoi de plus agréable que de découvrir une ville et ses moindres ruelles à la recherche de ce trésor de quelques cm2, lorsqu’on est au seuil du retard ? C’est le moment, Mesdames et Messieurs de tester votre déodorant à l’efficacité extrême 48 heures, qui régule les pics de transpiration !!

 

Quand, après des minutes interminables à espérer qu’une place se libère, vous apercevez un parking souterrain, l’espoir revient. Il se peut que vous soyez à l’heure finalement.

A l’heure, mais sur la paille : 7€  en moyenne les deux heures, ca vaut le coup de presser votre interlocuteur ! C’est la vie, ça c’est Paris !

 

Et si, aucune contrainte ne vous oblige à vous rendre à un endroit bien précis à un moment donné, même faire sonmarché marché provoque des sueurs. Un conseil : passer au déodorant 72 heures, qui peut s’avérer encore plus efficace. Parce que dans ce cas, même les parcs de stationnement sont complets.

Si le but était de concocter un bon petit plat après avoir fait votre footing, de passer chez le coiffeur pour un brushing, dans l’espoir de passer une soirée « romanticoquine », prenez le bus. C’est moins glamour mais tout aussi efficace : vous pourrez alors déambuler dans les allées du marché le cœur léger sans stress ; vous porterez vos courses assez longtemps pour ressentir les mêmes effets qu’un jogging ; le vent et la pluie s’inviteront sans aucun doute au dessus de votre tête pour un effet plage ; fatigant, non ?

Oubliez alors la coquetterie, la gourmandise et si vous remettiez votre soirée en amoureux pour vous reposer un peu ?

 

 

 

 

 

NB: Merci à IS pour sa participation exceptionnelle à l'une des illustrations de ce post.

 


 

 

 

 

 

 

 

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22 février 2011 2 22 /02 /février /2011 13:37

 

 

Grand, beau, propre, lumineux, pas trop cher, bien situé…Voici la liste de mes critères en matière d’habitat ! Et trouver toutes ces qualités réunis dans un seul et même appartement n’est pas toujours évident en région parisienne. Là encore, quantité ne veut pas dire qualité. Thierry Hazard, chanteur des années 90 et philosophe à ses heures, disait, en parlant des femmes : « Celles qui sont bien sont déjà prises ». Pour les logements en Ile de France, c’est la même chanson.

 

Si les annonces ne manquent pas, les surprises non plus.

Et c’est là que je me rends compte qu’il existe des choses que je ne pouvais soupçonner, au-delà du réel. Bienvenue à Paris.

 

Saviez-vous que la moquette dans la salle de bain et les toilettes, c’est tendance ? Surtout après une inondation. Extension de l’odeur à tout le logement sans supplément, bien entendu. Il s’agit juste d’une mauvaise expérience, non ? Et puis, c’est de ma faute,  j’aurai dû regarder le reportage sur M6 qui en parlait, M6 reflet de la vie réelle…

Bref, ma naïveté et moi-même continuons les visites.

 

Qui a envie de vivre dans cet appartement d’époque Louis XIV ? Quel cachet !appart.jpg

Parquet d’origine avec tâches de graisse indélébiles, cuisine avec reste de nourriture des anciens locataires collés au mur, sans chauffage, mais avec convecteurs électriques, haut de plafond, murs qui s’effritent, simple vitrage donnant sur un grand boulevard…le paradis pour 1000 euros ! On dit que les chiens finissent par ressembler à leurs maîtres ; dans ce cas précis, c’était le logement qui avait déteint sur l’agent immobilier ! Sans commentaires.

 

Un peu découragée, mais pas dépitée. L’alsacienne est têtue. Rendez-vous suivant.

D’extérieur, le bâtiment est plus que défraîchi, mais il ne faut jamais se fier aux apparences, m’a-t-on appris.

La cage d’escaliers est en piteux état, pourtant, je continue d’y croire.

Et là, le miracle….ne se produit pas ! « L’aération des toilettes donne dans la cuisine !!!?Vous êtes sûr ? ». C’est un appétissant cauchemar. On progresse dans l’horreur.

 

Où sont passés les maisons à colombages, les géraniums, les jolis petits villages ?

 

Autre lieu, autre visite. La rue assez passante n’est pas très accueillante : un couple se dispute au milieu de la rue, chacun d’un côté de la ligne blanche de démarcation, les insultes fusent, j’apprends de nouveaux mots vulgaires, j’adore !

L’appartement est étrange, mais me promet une vue sur la tour Eiffel, la grande classe ! Pourquoi manque-t-il un bout de mur au dessus de la porte ? « Ca se répare ». Pourquoi un tuyau pour le gaz de ville dans la cuisine s’il n’y a pas le gaz ? « C’est d’époque ». Pourquoi ai-je l’impression de ne pas apercevoir la tour Eiffel dans ce placard à fenêtre ? « Vous êtes dans la chambre et il y a un peu de pollution ce matin ». Fantastique.

 

Au suivant. Petit bâtiment, deux étages, six logements, un propriétaire, vous êtes cernés ! Oui, parce que le logeur occupe le rez-de-chaussée, son fils le côté droit du premier étage ainsi que tout le deuxième étage. J’ai confondu intimité et promiscuité. L’habitation est originale : la pièce à vivre est un tiers plus petite que la réserve naturelle pour mycologue…pardon, je voulais dire la chambre ! Pas besoin de papier peint : les murs sont couverts de champignons. La salle de bain est orange vif, vintage, années 70, collector même. Quant aux toilettes, les compagnies aériennes n’auront plus le privilège des plaintes déposées par les obèses: impossible de rentrer dans le cagibi qui fait office de water-closet.

 

Après plusieurs déconvenues et des déceptions, ma naïveté et mes critères de sélection m’ont quitté ! Adieu les amis !!

Puis, j’ai finalement fini par trouver mon bonheur, non loin de la capitale.

 

Le proverbe dit vrai : « chaque pot a son couvercle ». Ou plutôt dans ce cas : « peu importe l’état du logement, il sera bientôt louer chèrement » !

 

 

 

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19 février 2011 6 19 /02 /février /2011 14:10

 

 

Un petit pas pour l’usager, un grand pas pour l’écologie. Tel pourrait être le slogan des transports en commun.

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A première vue, prendre le train ou le rer pour aller travailler ou pour les loisirs, c’est avantageux : pas de places de parking à chercher ni à payer, pas d’essence à dépenser donc moins d’émission de CO2 dans l’atmosphère, des larges plages horaires permettant une très grande liberté, un gain de temps qui permet d’éviter les bouchons, moins de stress, plus de temps pour lire ou travailler, etc…

 

La réalité n’est pas si idyllique.

 

8h00 du matin, sur le quai d’une gare. C’est l’hiver, il fait froid. Le train n’est pas encore là et le départ est prévu dans 2 minutes…

 

8h08, le train arrive enfin ! Tout le monde monte à bord, le voyage peut commencer dans la joie et l’allégresse. Sauf que sourire si tôt est difficile. On se croirait dans un wagon en partance pour l’horreur ; les gens ont mauvaise mine et tirent la tête. C’est vrai que se lever de bonne heure pour voir son patron, c’est dur ! Et dire qu’il y a des chômeurs, qui eux, ne connaissent pas cette joie…

J’ai souvent en face de moi, cette femme. Elle passe son temps à me dévisager avec un air dédaigneux. Si elle avait des fusils à la place des yeux, je serai morte depuis longtemps ! J’essaye d’éviter la parano, elle ne respire pas la joie de vivre, mais je n’y suis pour rien.

 

8h15, tout roule, pas encore de voyageur malade ce matin. Une bonne journée s’annonce.

Les odeurs et les haleines se mélangent, et là une question se pose : produits d’hygiène et transport en commun sont-ils incompatibles ? Ou peut-être que ces travailleurs courageux bravant le froid pensent que la crasse est une couche supplémentaire pour résister à la température glaciale ?!

J’en viens presque à regretter la douche que j’ai prise. La planète souffre et en égoïste, je pense qu’être propre est bon pour moi. Le meilleur moyen de s’intégrer étant le mimétisme, demain, je laisserai la nature reprendre ses droits. Il faut bien donner raison aux étrangers qui pensent que les français sont sales !

 

8h21, « Veuillez nous excuser pour cet arrêt momentané. Merci de ne pas descendre sur les voies ». Sans plus d’explication, les voyageurs attendent et patientent ; ceux qui ont de la chance d’avoir une place assise lisent les journaux gratuits, d’autres écoutent de la musique et parfois sont si généreux qu’ils en font profiter tout leur entourage.

 

 

8h25, c’est reparti vers l’aventure. Au prochain arrêt monte un homme qui répète inlassablement le même texte de wagon en wagon : « Bonjour, je suis au chômage depuis 2 ans. J’arrive en fin de droit et je dois élever ma fille. Si vous voulez, je peux vous montrer sa pièce d’identité. Si vous avez du travail à me proposer, j’accepterai. Si vous souhaitez me donner un ticket restaurant ou un peu d’argent pour que ma fille et moi nous puissions manger, je vous en serai reconnaissant. ».

Bêtement, je lui parle d’une place de chauffeur-livreur disponible depuis un moment dans un supermarché de la région, et il me répond : « Non merci, de toute façon, je ne sais pas conduire ». Ok, message reçu. Ca n’empêche que je me fais avoir à chaque fois ; si un pseudo-mendiant ou un musicien fauché me joue la sérénade, j’arrive toujours à m’émouvoir.

 

8h37, un passager à quelques mètres de là, dégaine son téléphone multi-fonctions et multi-applications, qui ne fait pas encore la vaisselle et le repassage, mais ça ne saurait tarder, les coréens travaillent dessus. Le son des baladeurs MP3 est au maximum, les discussions entre femmes aussi ; il ne manquait plus que la conversation de cet usager. La discrétion ? Quoi, vous ne connaissez pas ce terme ! Ok, mais savez ce qu’est le respect des autres, non ? Vous n’aviez jamais entendu parler de ce mot ! La cacophonie est à son apogée.

Je referme mon journal ; je n’ai rien compris à ce qu’il était écrit, impossible de me concentrer ! On tentera de lire ce soir, en rentrant.

8h51, avec à peine 10 minutes de retard, nous arrivons à bon port. Bousculade générale, tout le monde descend et se disperse.

 

Certains courent vers un bus, d’autres vers le métro.metro_contents.jpg

Le périple continue. Et s’enfoncer dans les entrailles de la terre peut s’avérer être toute une expédition. Entre les pervers refoulés qui utilisent ce moyen pour assouvir leur passion bestiale et avoir les mains baladeuses, entre les pickpockets qui ont fait de ce lieu leur terrain de jeux préférés, on trouve les travailleurs du quotidien et les touristes de passage. Et le vrai plaisir dans ce cas, c’est d’écouter, dans cet espace confiné, les différentes langues et cultures s’exprimer. Tout à coup, on est à Rome, à Londres, à Tokyo. Il suffit juste de fermer les yeux pour y croire…mais pas trop longtemps si vous ne voulez pas que le pervers vous mette une main aux fesses et que le pickpocket embarque votre téléphone.

 

La fin du voyage est proche, mais ce soir, la RATP sera heureuse de vous accueillir à bord de ses wagons, 1ère classe garantie, pour faire le chemin en sens inverse.

En attendant, il ne faut pas traîner, ni arriver en retard ; au boulot !

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18 février 2011 5 18 /02 /février /2011 09:36

 

 

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« Impose le ton, sinon, deviens piéton » ! S’imposer ! Oui, c’est le maître mot pour conduire en région parisienne !

Au début, vous hésitez, vous conduisez comme on vous a appris en province ; vous respectez le code de la route et vous essayez de ne pas vous énerver tout de suite.

Puis, à force d’insultes gratuites, de coups bas et de queues de poisson, vous devenez usager permanent des transports en commun ou vous vous adaptez !

 

Et lorsque l’on choisi la deuxième solution, il faut rivaliser d’imagination pour s’accommoder de toutes les situations !

 

Un matin ensoleillé, au début du printemps, alors que les oiseaux se mettent à nouveau à chanter et que la nature revient à la vie peu à peu, je pars, réjouie par la promesse de l’arrivée des beaux jours, sur la route quotidienne vers mon gagne-pain, faite de 30 feux pour 7km de trajet…

Je n’ai rien contre les personnes âgées, au contraire, ce sont eux qui nous montrent le chemin, mais ce jour-là, la voie de l’incompréhension s’est dressée entre ce septuagénaire et moi ! Il roulait à 30 km/h, pas de risque d’accident brutal, certes ! Dès que possible, je le double. Machisme ou orgueil mal placé ? Toujours est-il qu’une fois de plus, j’ai droit aux traditionnels appels de phare et autres coups de klaxon, sans oublier les gesticulations dans tous les sens. Son et lumière garanti, du grand spectacle de bonne heure, rien que pour moi ! Il appuie sur le champignon et se met à côté de moi au prochain feu tricolore. « Madame, vous êtes folle, vous ne savez pas conduire » crie-t-il de sa voix rauque. Ce à quoi je réponds le plus calmement du monde (technique sadique pour que votre interlocuteur s’énerve encore plus, méthode qui fait ses preuves) : « Mais Monsieur, je ne comprends pas ce que vous me reprochez ? ». Sa réaction ne se fait pas attendre : « Ne croyez pas que vous allez me charmer si facilement, c*** ?!* ….. ». Et moi d’en remettre une couche toujours aussi zen : « Ah, non, les insultes, c’est moche ! Et puis sachez que si je cherchais à charmer quelqu’un, ça ne serait surement pas vous, Monsieur ! ». Mouché Papy !

Je redémarre, il me suit tant bien que mal et là, une camionnette surgie de nulle part, le double à son tour. Pépé s’excite de plus bel, mais se calme en voyant que le conducteur ressemble plus à Pat Hibulaire qu’à sa femme !

 

Cet exemple fait figure d’exception, non par les insultes et l’état nerveux des autochtones, mais par la lenteur de circulation. Normalement, ici, on vit « à 100 à l’heure », au sens propre, comme au sens figuré. J’ai pu le constater lors de ma première expérience de conductrice fraîchement débarquée de ma province. Sur un tronçon d’autoroute limité à 110, vitesse que je respectais, tout le monde me doublait en  klaxonnant ! J’avoue qu’au début, j’étais assez apeurée et stressée. Maintenant, c’est habituel.

Un trajet sans problème, c’est comme de croire encore au père Noël ! Ca n’existe pas !!

 

La courtoisie n’est pas non plus de rigueur. C’est même très mal vu. Essayez de proposer à l’automobiliste en face de vous qui souhaite tourner sur sa gauche, alors que vous désirer tourner sur votre gauche également, de passer avant vous en lui faisant un petit signe cordial. Quel pourrait être le résultat ? Soit il vous remercie et passe, soit il trace sans politesse ? Ca serait logique ailleurs ! La dernière fois où je me risquée à ce petit exercice d’affabilité, le conducteur en face de moi, la quarantaine, qui semblait pourtant sain d’esprit, a fait mine de me trancher la gorge en me fixant sombrement ! La femme à côté de lui, n’avait pas l’air plus aimable ! Il n’y a pas d’âge pour être désagréable !

 

Mis à part le comportement humain qui dépasse souvent l’entendement, un autre problème apparaît comme évident en région parisienne : les bouchons ! C’est tous les jours comme une impression de grands départs pour les vacances d’été, le soleil et les sourires en moins !

Trop de monde sur les routes, la neige, la pluie, les accidents, il se passe toujours quelque chose.

Comment peut-on s’imaginer qu’une autoroute puisse être bloquée à cause d’une grosse averse ? De l’eau stagnante sous un pont et c’est 4 heures de bouchons sous une chaleur moite pour faire 35km ! L’avantage, pendant ces épisodes, c’est qu’enfin une sorte de solidarité émane de la population. Finalement, ça a du bon de rester coincé!

A ce moment-là, j’ai eu l’occasion de parler avec des personnes qui, lassées de ne pas bouger du tout, sortent de leur véhicule et engage la conversation. Alleluia, bénissez cet instant ! Non, pas avec de l’eau, il en reste suffisamment sous la passerelle.

 

Il est évident que la conduite à Paris, en pleine ville est digne d’un rallye; Sébastien Loeb n’a qu’à bien se tenir ! Il faut savoir gérer la bonne vitesse, le slalom entre les files, tout en faisant bien attention à ne pas écraser les piétons pressés, prêts à perdre leur vie pour gagner 30 secondes sur leur parcours.

Le meilleur reste quand-même de réussir à traverser la place de l’étoile sans casse ! Si jusque-là, il n’y avait pas d’illustration parfaite du grand n’importe quoi en voiture, tout est réuni ici, autour de ce pseudo rond-point où chacun se fixe son code de la route ! Si vous êtes juste passager, vous bénéficiez d’un luxe que le conducteur, par sécurité ne peut s’offrir : vous fermez les yeux !! Si vous sortez indemne de ce périple, bravo. Sinon, votre épitaphe sera la suivante : « Voir les Champs Elysées et mourir ».

 

Il faut réussir à supporter la tension nerveuse au volant due à tous les désagréments que cette sympathique et étonnante région offre.

Lorsqu’il devient impossible de réussir à supporter la « Fangio attitude », il reste néanmoins les transports en commun ou le charme du transit accompagné.

 

Ratp, me voilà !femme au volant

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17 février 2011 4 17 /02 /février /2011 17:14

 

penelope2« Elle me tient la porte ? Oui, non ? Ah non, elle me regarde, attend que j’arrive pour mieux me narguer et me claque la porte au nez » J’adore mes voisins !

 

L’intégration n’est pas un vain mot, ici en région parisienne ! C’est un combat de tous les jours, un peu comme la bourse, variable et fluctuante; lundi, votre voisine vous salue et mardi, elle vous ignore. Il faut suivre.

 

A mon arrivée, après avoir défait mes cartons, un peu excitée à l’idée de commencer un nouveau chapitre de ma vie, j’ai voulu partir à la découverte des mets culinaires du coin…en d’autres termes, je suis allée faire mes courses !

J’entre dans un supermarché et là, j’ai vite compris le slogan de cette grande enseigne « la vie, la vraie »…Un retraité poussant énergiquement son chariot me fonce directement dessus, me bouscule et me regarde de travers. Je le regarde interloquée et là, il se met à m’insulter ! Bizutage ? Tradition régionale ? Je ne comprends pas bien, mais je lui réponds et là, c’est tout le rayon fruits et légumes qui me scrute méchamment. Oups ! Je me sens comme en territoire inconnu. Courage, fuyons.

J’arrive chez moi un peu triste de cette prise de contact un peu frontal, mais je me dis que c’est une goutte dans un océan. Ca ira mieux demain.

 

Pour lier connaissance, me sentir un peu plus en phase avec les autochtones, je décide de m’inscrire dans un club de fitness. Un corps sain et des nouveaux visages dans mon entourage : le duo gagnant. Sauf que je n’avais pas prévu que la moyenne d’âge était de vingt ans et que l’amitié ne se partage pas ici ; si tu viens avec une copine, tu ne te mélanges pas et si tu viens seule, c’est pour avoir des fesses en béton ! Au milieu, il y a moi….Je dis « bonjour », on me regarde de travers. Je n’insiste pas.

Je suis mauvaise langue puisque j’y ai rencontré une jeune fille, étudiante en médecine, faisant un régime permanent, ayant une mère abusive, une sœur collante, et des tas de problème avec son ex ! « C’est un cours de fitness ou une thérapie de groupe » ?

Cet essai n’étant pas concluant, direction le cours d’aquagym…où je retrouve toutes mes nouvelles amies retraitées ! Ici le but n’est pas d’avoir un corps parfait (les miracles, c’est à Lourdes qu’ils se produisent), mais de rester tonique. Cette fois-ci, je ne suis pas la plus âgées, mais la plus jeune !

Où sont les trentenaires ? Où trouver des gens de mon âge souriants ? Accueillants ?

Pas dans mes voisins, pas dans un club de sport, mais où alors ?

 

Pas là où je vis, de toute évidence : je suis versaillaise d’adoption…enfin adoption est un grand mot parce que pour ça, il faudrait déjà que je fasse partie du moule.

Si vous avez envie de vous dépayser, dans une bulle remplie de petits scouts en short bleu marine, de petites filles bien sages avec serre-tête en velours intégré, de retraités ressemblant à « Tatie Danielle », un monde où il n’y pas de différences de couleur de peau (seul le blanc plus blanc est toléré), je vous invite à visiter ma ville. On est loin de Mulhouse…et subitement, je me rends compte que ce qui fait la force d’une agglomération, ce sont ses différences !

Il est évident qu’en plein Paris, les cultures et la diversité se côtoient. Et c’est en cela qu’il est agréable de sortir de sa sphère. Mais les gens sont-ils plus ouverts pour autant ?

 

Que ce soit pour se divertir, pour voir du monde ou pour aller travailler, il faut de temps en temps prendre les transports en commun et c’est bien là que les choses sont les plus frappantes ; le sourire et la joie de vivre ne sont pas de rigueur dans le métro, le rer ou le bus. Normalement, on dit : « souriez, vous êtes filmés », là c’est plutôt : « le premier de nous deux qui sourit aura une tapette » !

Sont-ils tous suicidaires ? Ont-ils tous de gros problèmes ? Ou sont-ils trop pudiques pour montrer leur bonheur ? Peut-être certains sont-ils paralysés de la mâchoire ?  C’est en tous les cas un mal bien étrange, très contagieux de surcroît.

Les seuls à faire risette sont les touristes, voire les nouveaux arrivés non habitués encore aux us locaux.

 

Pourtant, j’ai fini par m’habituer à cet individualisme, à cette grisaille ambiante, à l’impolitesse.

Deviendrai-je parisienne ?

 

Au secours !

 

 

 

 

 

 

 

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